Laeken | Alimentation

L’alimentation nous est indispensable, et les habitants de Laeken ne font pas exception à cet égard. Les Laekenois se seraient-ils distingués dans ce domaine ? Il semblerait que oui.

Citons par exemple la tarte de Laeken. Selon ce qu’on l’en sait, une moitié était garnie de riz et l’autre de fruits. La recette d’origine n’est plus connue avec précision, même si on voit encore des tartes de ce genre dans les vitrines de certains pâtissiers. En général, elles associent riz et prunes, mais personne n’est vraiment sûr qu’il s’agisse de la composition authentique. À propos : les couleurs de Laeken sont justement le blanc et le bleu.

La revue Laca Tijdingen[1] a consacré plusieurs de ses numéros aux générations de pâtissiers ainsi qu’à leurs employés, qui vivaient souvent sous le même toit (avec tous les problèmes que cela peut entraîner). Le nombre des représentants de cette profession est à lui seul révélateur de l’explosion démographique qu’a connu Laeken entre 1833 (0), 1851 (4 boulangers) et 1940 (13 boulangers, 20 pâtissiers, 5 biscuitiers et 3 chocolatiers qui faisaient aussi tous du pain).

[1] Les sommaires des Laca Tijdingen depuis 1989 peuvent être consultés sur www.Laca.be/publicaties

Laeken était aussi connue pour ses chocolateries, aujourd’hui disparues. Celle du couple Meyers-Henneau créée en 1882 s’était mutée en un complexe industriel employant plus de 200 ouvriers jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. Celle des Frères Derbaix employait 198 personnes à la même époque à la Rue de Molenbeek.

Parmi les ingrédients essentiels pour confectionner du pain et d’autres pâtisseries figure naturellement la farine. Après la disparition des nombreux moulins à vent et à eau, elle était moulue dans la minoterie de la Rue du Timon.

Le sucre vanillé et les autres produits similaires étaient fournis par l’usine Puratos située dans les Rues Fransman et Steyls.

La confiture venait bien sûr de Materne, dont les locaux abritent aujourd’hui le centre communautaire Nekkersdal.

Et le lait ? Il provenait notamment de vaches locales, comme celles de la famille de Jean Moens qui paissaient encore le long de l’Avenue Houba-De Strooper dans les années 1950, et était transformé par Nutricia (1899-1963) ou Hollandia (1910-1949). Ces énormes usines étaient situées dans les Rues du Gaz et E. Tollenaere.

Le lait de chèvre et de brebis était également plus prisé alors qu’aujourd’hui. C’est une des raisons de la naissance du mouton de Laeken. Recherchée également pour sa viande et sa laine, cette race aurait été créée vers 1890 par un berger gardant le troupeau du Château de Laeken dénommé Jansen ou Janssens (à qui on doit d’ailleurs aussi la race du chien de berger de Laeken).

Laitière en tournée sur le plateau du Heysel, avec une charrette tirée par un chien, 1892-1900 © Archives de la Ville de Bruxelles

Se nourrir en temps de guerre était un vrai problème. L’occupant allemand interdisait l’importation de nourriture, qui devait se faire « au noir ». Dans les jardins ouvriers de « Onze vrije uren » et de la « Liga van het hoekje grond », les jardiniers savaient toutefois comment cultiver des légumes et ils se mirent au travail dans les parcs publics avec la bénédiction de l’occupant. Leurs potagers étaient gardés jour et nuit.

 

Cela en surprendra peut-être plus d’un, mais on cultive toujours des légumes à Laeken aujourd’hui, et il ne s’agit pas de jardiniers amateurs. Sur le tracé de la voie ferrée électrique jamais achevée menant au palais, vous trouverez une cressonnière actuellement exploitée dans le cadre d’un projet d’économie sociale.

Si un salon de l’alimentation se tient chaque année au Heysel, la commune est surtout connue pour abriter le Centre européen de fruits et légumes, juste à côté du Marché Matinal, MaBru, qui s’est installé au Quai des Usines en 1973. Dans les halles de ce Marché Matinal, plus de 100 commerçants proposent un éventail complet de produits englobant les fruits et légumes, les primeurs, la boucherie, la charcuterie, la volaille, le gibier, le poisson et les crustacés, les fromages et autres produits laitiers, les vins et autres boissons. Cette gamme très large s’adresse principalement aux détaillants, mais aussi aux traiteurs et aux chefs, dont certains comptent parmi les plus réputés du pays.

Le prédécesseur de l’actuel Marché Matinal, qui se tenait les lundis, mercredis et vendredis sur l’esplanade de la Place Willems, avait vu le jour le 1er janvier 1914.

Préparation de la soupe par le comité de secours et d’alimentation,1915 © Pierre Schacht

Non loin de là, l’ancien bâtiment Byrrh héberge aujourd’hui de nouvelles initiatives à plus petite échelle, dont la plupart sont certifiées bio. On peut citer la micro-brasserie La Source, qui rappelle la riche histoire brassicole de Laeken, tout comme En Stoemelings à Greenbizz et Zinnebir à Tour & Taxis. Les brasseurs les plus connus étaient autrefois RoyaLaeken et Caulier. Leur dernière implantation était un énorme complexe moderniste qui se dressait dans la Rue Herry, aujourd’hui disparue, dans le quartier Nord.

Après le repas, rien de tel qu’une liqueur locale, comme celle des frères Favresse, Chaussée d’Anvers, qui a succédé à celle de l’ancien bourgmestre Ch. Herry.

Vous aurez remarqué que ce dossier comporte une lacune : si nous avons bien une Rue des Vignes, plus personne ne se souvient malheureusement de la saveur du vin cultivé sur le versant sud du domaine de Schoonenberg…

Steph Feremans (Laca)

Premier salon international de la brasserie, 1939 © Pierre Schacht

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