Neder-Over-Heembeek a gardé une tradition de vastes intérieurs d’îlots, préservant ainsi de grands espaces non bâtis mais également de nombreuses anciennes servitudes. Ces dernières se sont maintenues ou ont été transformées en voies lentes pour les piétons ; certaines ont été intégrées dans des circuits de promenades comme la « Promenade Verte » communale (1993) qui fait plus de 11 kilomètres. Celle-ci permet également de faire la connexion avec les espaces verts de la périphérie flamande : le domaine des Trois Fontaines à Vilvorde, Koningslo (via le Aardenberg ou le Schapenweg) ainsi que le Tangebeekbos à Strombeek. Plus au sud et à l’ouest, des liaisons se font aussi avec la Promenade Verte régionale (qui a emprunté son nom à l’heembeekoise !) ainsi que, via un tunnel piétonnier, avec les parcs laekenois d’Osseghem et du Fleuriste. Une servitude a même pu être préservée au sein du domaine de la Résidence des Églantines (CPAS) ; ce tronçon offre un sérieux gain de temps aux riverains piétons et accueille également les promeneurs.
Dès la fusion de Neder-Over-Heembeek avec la Ville de Bruxelles en 1921, de nombreux projets urbanistiques sont élaborés … mais seulement partiellement réalisés, ce qui a engendré un caractéristique manque de cohérence. Les styles se mélangent, du modeste habitat rural aux demeures éclectiques, en passant par le style moderniste jusqu’aux barres d’immeubles des années 1960-70. Enfin, depuis quelques années, la densification se poursuit avec des immeubles assez sobres mais surtout durables et généralement limités à 4 ou 5 étages. Ce mélange hétéroclite se retrouve également dans le type de voiries vicinales : de larges avenues (Croix-de-Guerre, Croix-du-Feu, Versailles) côtoient des rues étroites, vieilles rues de village, voire des chemins ruraux à peine élargis.
Le relief est marqué, les anciens villages de Neder- et d’Over-Heembeek s’étant développés sur le flanc de coteau de la rive gauche de la Senne. La planification urbanistique envisagée après 1921 a donc dû tenir compte de ce dénivelé. Deux guerres, un incendie (celui de l’église de Neder-Heembeek) et les deux expositions universelles de 1935 et 1958 au plateau du Heysel ont toutefois bouleversé les premiers plans et ne sont pas étrangers à une urbanisation un peu chaotique. À titre d’exemple, la nouvelle église (1933-1935) devait être l’aboutissement d’une large avenue montante culminant à 60 m, à l’instar du quartier de l’Altitude Cent à Forest. Cette avenue monumentale ne fut finalement construite qu’en 1957 à l’occasion de l’exposition universelle de 1958 et elle ne tint pas compte de l’église déjà existante : il s’agit de l’avenue des Croix-de-Guerre.
Le domaine royal de Laeken à l’ouest de Neder-Over-Heembeek constitue une importante barrière. Le pont Van Praet, véritable goulet pour entrer ou sortir par voie automobile, agit dès lors comme un entonnoir.
Au niveau des transports en commun, cette même barrière formée par l’avenue Van Praet et le mur d’enceinte de la résidence royale est longée par le tram 7 qui relie Uccle au Mutsaert, quartier de Laeken jouxtant Neder-Over-Heembeek et appartenant anciennement à son territoire. Le 47 (à l’origine un tram avant de devenir un bus), combiné au tram 3, relie Neder-Over-Heembeek au centre-ville et a ainsi toujours servi de cordon ombilical avec le reste de la ville. Dans un futur proche c’est l’arrivée du tram 10 – qui n’a pas encore convaincu tout le monde – qui devrait désenclaver Neder-Over-Heembeek et enthousiasmer les générations futures plus friandes d’air pur et de mobilité douce et/ou collective. Et qui sait si le « Waterbus » naviguant sur le canal ne deviendra pas, un jour pas si éloigné, un moyen alternatif de déplacement efficace et populaire ?
Benoît Elleboudt (La Promenade Verte de Neder-Over-Heembeek asbl)